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Loi Duplomb : notre santé mérite mieux qu’un passage en force

Le bloc central, la droite et l'extrême droite passent en force un texte dangereux pour la santé publique : je me suis mobilisé aux cotés de mes collègues écologistes

Damien Girard - Loi Duplomb : notre santé mérite mieux qu’un passage en force

En déposant une Motion de Rejet Préalable sur la Loi Duplomb – dit Loi Pesticides – le bloc central, la droite et l’extrême-droite passent en force un texte dangereux pour la santé publique, inefficace pour l’agriculture, et remettant en cause la science et la démocratie.

Je suis fils d’agriculteurs conventionnels. J’ai vu, tout autour de moi, les conséquences des pesticides sur la santé des miens, les sacrifices engendrés par ce métier et les pressions fi nancières qui pèsent sur le secteur. Aujourd’hui par nos expériences et le recul scientifique, nous savons que réintroduire certains pesticides comme entend le faire la loi Duplomb, c’est faire un retour en arrière intolérable et dangereux pour les agriculteurs et agricultrices, pour les familles et notamment les enfants, et pour toute la biodiversité. Les néonicotinoïdes qui vont être remis sur le marché sont soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens et des neurotoxiques du développement. Ils polluent les eaux, tuent les abeilles et les oiseaux. Pour faciliter leur réintroduction, la loi Duplomb prévoit d’affaiblir l’indépendance de l’Anses, l’agence indépendante chargée d’évaluer les risques liés aux pesticides et d’autoriser ou non leur mise sur le marché. S’attaquer à l’Anses, c’est s’attaquer à la sécurité sanitaire des françaises et des français.

Il y a 10 ans, Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan, déposait une Proposition de Loi pour un moratoire sur les néonicotinoïdes. Il y a 10 ans, nous connaissions déjà leur impact délétère sur notre santé et celle de la biodiversité. Aujourd’hui, nous piétinons son héritage. Au lieu de tenter de les réintroduire en France, nous devrions continuer à les combattre, à l’échelle nationale, européenne et internationale.

L’article 3 du texte facilite encore davantage la concentration des élevages industriels, tout en réduisant les obligations de concertation citoyenne. Moins d’informations, moins d’enquêtes publiques, moins de voix locales pour alerter sur des projets : en Bretagne, nous savons trop bien ce que cela signifi e. Ce sont des écosystèmes sans vie, des eaux contaminées, des plages fermées à cause des algues vertes, directement liées à l’intensification de l’élevage.

La motion de rejet préalable a pour effet de renvoyer le projet dans sa version initiale (sans les apports des députés) directement en commission mixte paritaire, sans débat dans l’hémicycle.
Une telle manoeuvre revient à nier le travail parlementaire et à éviter un débat démocratique nécessaire, alors même que cette loi représente une régression majeure en matière de santé publique et environnementale. Sous la pression de la FNSEA et de la Coordination rurale, la droite, l’extrême droite et les macronistes passent en force un texte qui mérite au contraire un examen approfondi.

J’ai par ailleurs publié une tribune dans le télégramme, disponible sur ma page facebook